« Fargo » : une saison 5 qui ranime la flamme (2024)

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Après une première saison exceptionnelle suivie de deux autres très bonnes, Fargo, l'anthologie d'histoires policières cruelles et baignées d'humour noir «adaptée» par Noah Hawley (Legion, la future série Alien) à partir du film éponyme des frères Coen, avait marqué un coup d'arrêt lors d'une quatrième saison trop riche, trop brouillonne et confuse, pleine d'idées intéressantes mal exploitées. Avec ce cinquième récit en dix épisodes, diffusé à partir du 18janvier sur Canal+ et myCanal, Noah Hawley parvient à nous faire retrouver le plaisir et l'excitation des premiers temps à travers un récit dépouillé, féministe de toute la force de l'évidence, et par-dessus tout terriblement efficace et émouvant.

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Lorsque le «shérif constitutionnel» Roy Tillman (Jon Hamm, inoubliable dansMad Men) envoie Ole Munch (Sam Spruell) kidnapper une femme au foyer d'apparence tranquille, Dorothy «Dot» Lyons (Juno Temple, vue dans Ted Lasso ou The Offer), il commet plusieurs erreurs: il prend le risque de contrarier ledit homme de main qui se révèle une force de la nature possiblement vieille de plusieurs siècles, attire l'attention de la belle-famille de Dorothy et en premier lieu de sa belle-mère Lorraine (Jennifer Jason Leigh), patronne à poigne et sans trop de scrupules d'une richissime société de recouvrement de créances, et, par-dessus tout… il sous-estime la capacité de Dorothy à ne pas se laisser attraper. Fuyant un passé traumatisant et décidée à défendre sa famille et la nouvelle vie qu'elle s'est construite, celle-ci va s'avérer être un adversaire bien plus coriace que prévu.

L'impression qui saisit le spectateur dès les premières séquences, et qui durera jusqu'au bout de la saison, est double: une confortable familiarité, et un plaisir gourmand. Les marqueursde Fargo sautent aux yeux, et on les retrouve comme on rentre chez soi: les personnages entraînés dans une spirale de violence, les mauvaises décisions fatales à long terme prises en méjugeant la réalité de sa position ou de ses capacités, les agents fédéraux incapables et ballottés par les événements, les policiers locaux ancrés dans le bon sens, la dignité et le sentiment du devoir, plus généralement les oppositions de classe tragicomiques entre «puissants» et «gens de peu» confrontés par les circonstances, la manifestation d'une force primitive, monstrueuse, à travers un tueur doté de capacités plus ou moins inhumaines…

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Rien d'original, c'est vrai, mais une variation virtuose sur des thèmes connus, qui parvient à rejouer une partition familière avec un sens du timing et une inventivité dans les détails qui captive et ne lâche plus. Jamais sentiment de fatalité n'aura été aussi réjouissant, jamais la mécanique de piège qui se referme sur les personnages n'aura été plus fascinante. Et l'on ne connaît pas beaucoup d'histoires plus satisfaisantes que celle de la souris qui se retourne contre le chat qui la persécute.

Une mécanique un peu prévisiblemais ultra-efficace

Cette cinquième saison n'est pourtant pas parfaite: si son mécanisme marche aussi bien, c'est au prix d'une intrigue assez prévisible, malgré quelques surprises à la marge. Le premier épisode est, certes, virtuose, et repose à peu près uniquement sur une longue séquence d'action qui soulève beaucoup des questions en laissant le spectateur totalement dans le flou et en le retenant avant tout par le brio de la mise en scène, mais on comprend ensuite très vite les tenants et les aboutissants de la saison entière.

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L'opposition frontale entre le très méchant shérif trumpiste, libertarien et évangéliste délirant, campé par un John Hamm ne forçant pas son talent, et la formidable mère courage, ancienne femme battue et martyrisée se révélant face au danger incarnée par une JunoTemple renversante, peut sembler trop manichéen, mais, grâce à des personnages secondaires beaucoup plus riches qu'il n'y paraît, Fargo se révèle finalement un conte moderne bouleversant sur le mal, la vengeance, le pardon, la résilience et la transmission. Pour cette réussite, il y a sans doute un prix à payer: Noah Hawley a choisi la lisibilité, l'évidence, le plaisir simple et immédiat d'un mécanisme bien huilé au message clair, au détriment du mystère, de l'ambiguïté et de la complexité romanesque. Mais ce n'est certainement pas parce qu'une vérité est simple qu'elle n'est pas bonne à dire.

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Author: Lidia Grady

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